Fighting (Dito Montiel, 2009): chronique cinéma

FIGHTING
Un film de Dito Montiel
Avec Channing Tatum, Terrence Howard, Luiz Guzman, Zulay Henao, Brian White
Genre: drame
Durée: 1h44
Date de sortie: 24 juin 2009

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Venu à New York pour recommencer sa vie, Shawn McArthur vit de petits expédients en revendant des contrefaçons sur les trottoirs. Un jour il se confronte à la bande d’Harvey, un arnaqueur et une petite frappe qui n’a jamais réussi à faire son trou. Ce dernier introduit Shawn dans le monde très obscur des combats clandestins organisés par des voyous notoires pour une clientèle richissime en mal d’excitation. Très bien payés, ces combats sont pour Shawn l’occasion de sortir de la misère mais les choses se compliquent lorsque Harvey lui demande de se coucher dans un combat truqué. Shawn découvre alors les dessous d’une logique implacable, celle de l’argent qui domine les paris. Face à lui, Shawn retrouve Evan, un boxeur qui fut l’élève de son père. Le passé revient tout à coup troubler son quotidien.

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Dito Montiel s’était fait remarquer en 2006 au Festival de Sundance avec son premier long-métrage, A guide to recognizing your saints, avec déjà Channing Tatum dans un des rôles titres. Avec Fighting il revient une fois de plus dans les bas quartiers de New York où le cinéaste a grandi. Population cosmopolite, petites arnaques de rue, arrières cours de magasins, appartements minables et luxueux, Dito Montiel tente de filmer New York différemment et y réussi presque. Là où un Scorsese gratter la patine pour montrer de manière approfondie le quartier de Little Italy dans Mean Street, Montiel malheureusement passe trop vite sur les singularité de chaque lieu pour faire des décors un personnage à part entière. Les premières images de la trajectoire du jeune homme dans le métro donne un ton réaliste très intéressant que le cinéaste abandonne en cours de route pour mieux laisser filer la narration, pour éviter les temps morts. Hors la vie de Shawn ne se résume qu’à ça, attendre perpétuellement que quelque chose arrive, que ce soit un combat ou bien la sortie de boulot de celle qui lui tient à cœur. Ce quotidien minable échappe totalement au film même si, parfois, l’on en a un écho à travers le vie d’Harvey, l’autre grand looser de l’histoire.

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Montiel passe donc à côté du film à faire même s’il échappe aux sempiternels clichés du film de rue avec ses voyous cinématographiques. Autre écueil évité, celui des combats spectaculaires. Non ici les combats restent sobres, voir même un peu brouillons. Mais aucune étincelle ne vient allumer la mèche pour donner un film un caractère plus nerveux, plus explosif. Si Terrence Howard est audacieux dans son interprétation du frileux Harvey, Channing Tatum en fait un peu trop dans son rôle de garçon blessé par sa relation filiale. Lui qui se dresse sans hésitation contre ses opposants devient tout à coup très maladroit dans sa tentative de séduction de Zulay, la serveuse. Cette histoire amoureuse manque de sel pour éveiller suffisamment l’intérêt du spectateur. Ces petits défauts n’auraient cependant pas empêcher au film d’avoir une certaine saveur s’il n’était pas phagocyté à chaque instant par une musique omniprésente, tapageuse et souvent contradictoire avec le propos. Gangsta’ rap à outrance, avec cependant un zest de jazz (Speaking of happiness), le film tombe tout à coup à plat, la musique procurant ce fameux côté spectaculaire que l’image, heureusement, ne possédait pas. Au lieu d’un film âpre et rugueux semblable au macadam des quartiers oubliés de la Grande Pomme, l’on nous sert un film aux accents reconnaissables et surtout politiquement correct.