La nuit du loup-garou (Terence Fisher, 1961): chronique rétro

LA NUIT DU LOUP-GAROU
(The curse of the werewolf)
Un film de Terence Fisher
Avec Oliver Reed, Clifford Evans, Yvonne Romain, Catherine Feller, Anthony Dawson, Joséphine Llewellyn, Richard Wordsworth
Genre: fantastique, horreur
Pays: Grande-Bretagne
Durée: 1h31
Date de sortie: 7 juin 1961

La nuit du loup-garou affiche

Fruit d’un viol d’une servante sourde-muette par un mendiant retombé à l’état sauvage à cause du sadisme d’un marquis, qui a lui-même voulu profiter des charmes de la domestique, Leon Corledo est à jamais marqué du sceau de la marginalité, image même de l’être différent et écarté de la société. Cette différence se dévoilera tardivement lorsque, chérie par une famille adoptive, aimante et compatissante, l’enfant est pris de violents cauchemars récurrents. La bête qui sommeille en lui se réveille et prend le contrôle. Combien même l’amour et la tendresse du père remettront en sommeil cette bestialité, la découverte de l’amour et des pulsions sexuelles, que la société lui interdira d’assouvir, vont déchaîner une fois pour toutes ces forces maléfiques. Amoureux de la fille d’un viticulteur bourgeois désireux de la marier à un aristocrate, le jeune Leon ne pourra consommer cet amour à cause de son appartenance sociale. Sans le savoir, le monstre gronde et effraie la population locale. Tiraillé entre sa nature humaine, ses sentiments délicats et tendres qu’il éprouve envers sa famille et sa bien-aimée, et sa part d’ombre, incontrôlable et haineuse, Leon ne peut que rechercher la mort afin de mettre un terme à ses souffrances.

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Maître incontesté du film fantastique britannique, Terence Fisher s’est frotté à tous les mythes du répertoire de l’épouvante pour la société de production Hammer. Pour elle, le metteur en scène a ressuscité les plus célèbres monstres et créatures du fantastique gothique. Frankenstein s’est échappé (1956), Le cauchemar de Dracula (1957), Le chien des Baskerville (1959), La malédiction des pharaons (1959), Dracula, prince des ténèbres (1965) ou encore Frankenstein créa la femme (1965) sont parmi ses films les plus connus. Ici le réalisateur s’attaque à la légende du loup-garou qu’il resitue en Espagne au XVIII ème siècle. Esthétique très marquée british, La nuit du loup-garou possède ce charme quelque peu suranné des productions horrifiques de l’époque avec un imposant oliver Reed dans le rôle de la bête maudite.

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Plaisir coupable, ce film se laisse regarder avec nostalgie. La lenteur de la narration et les choix parfois faciles de la mise en scène rebuteront les habitués du film d’horreur contemporain, habitués à l’exposition frontale de l’horreur plutôt qu’à sa suggestion. Bien sûr le propos du réalisateur est ailleurs. Le véritable monstre n’apparaissant qu’après une bonne moitié du film, Terence Fisher s’attarde tout d’abord sur les origines sociales de la bête et son développement dans la période de l’enfance. Bébé innocent mais maudit, la nature tremble au moment de son baptême: l’eau du bénitier commence à bouillir, l’orage éclate, les éclairs percent les ténèbres de la nuit… Sans être un chef d’oeuvre du genre, le film possède ses moments envoûtants. Très belle scène finale où le père se résigne à tuer son fils pour le libérer de ses tourments, la bête meure ainsi sous les tintements des cloches de l’église à l’image de Quasimodo dans Notre-Dame de Paris de Wallace Worlsey quarante ans plus tôt.

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